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Pour Tinariwen, "la musique est le meilleur moyen de défendre la cause touareg"

Par FRANCE 24 (texte)

mardi 3 avril 2012, par Tilelli

Originaire du nord du Mali, le groupe touareg Tinariwen est actuellement en Europe pour une série de concerts. Une tournée qui a une résonance particulière avec l’offensive rebelle qui gagne du terrain au Mali.

Loin de l’offensive des rebelles qui sévit dans le nord du Mali, le groupe touareg Tinariwen est actuellement en Europe pour la promotion de son cinquième album "Tassili", ainsi que pour une série de concerts, notamment à La Cigale, à Paris, le mardi 3 avril.

Depuis plusieurs années déjà, leur musique assouf, qui conjugue blues, rock et musique traditionnelle touareg, a dépassé les frontières du Sahel. En février dernier, "Tassili", album acoustique, est récompensé avec le prix du meilleur disque dans la catégorie Musique du monde aux Grammy Awards. Et Tinariwen fera la première partie du concert des Red Hot Chili Peppers le 30 juin prochain au Stade de France. L’occasion pour ce groupe, qui raconte depuis sa création en 1982 l’histoire des Touareg, de donner une voix à ce peuple.

Pour Tinariwen - qui signifie déserts en tamasheq -, cette tournée a une résonance bien particulière. L’un des fondateurs du groupe, qui est aussi le chanteur et guitariste, Ibrahim ag Alhabib, n’a pas pu faire le déplacement. Impossible pour lui de traverser la frontière vers l’Algérie pour prendre l’avion.

Malgré cet aléa et un emploi du temps bien chargé, le bassiste du groupe, Eyadou Ag Leche, a pris le temps de répondre aux questions de FRANCE 24. Vêtu d’un jean et d’une casquette verte kaki, le musicien, âgé de 30 ans, nous livre dans un français timide son regard sur la situation au Mali.

FRANCE 24 : Depuis sa création, Tinariwen défend la cause touareg à travers sa musique. Quelles sont vos revendications aujourd’hui ?

Eyadou Ag Leche : Cela fait 30 ans qu’on chante la même chose car rien n’a évolué. Depuis l’indépendance du pays [en 1963], notre peuple n’a jamais eu de moyens pour construire des hôpitaux et des écoles. On était comme abandonné dans le désert. Nous voulons être libres et indépendants et on a compris que pour y arriver il fallait uniquement compter sur nous-mêmes.

Aujourd’hui, la situation est plus compliquée avec le coup d’État des militaires qui a renversé le gouvernement à Bamako. Je ne comprends pas bien l’intérêt de ce putsch alors que le pays connaît déjà une rébellion dans le nord du pays. En tant que membre du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), je tiens à dire qu’on souhaite que les Maliens vivent en paix, au même titre que les Touaregs.

Lors de la rébellion qui a éclaté dans les années 1990, certains membres du groupe ont pris les armes. Est-ce que vous justifiez aujourd’hui la lutte armée ?

E.A.L : Il est vrai que Ibrahim [ag Alhabib] et Alhassane [ag Touhami] ont pris les armes lors de la première rébellion. Mais cela fait partie du passé. Aujourd’hui, ils ont choisi d’utiliser une autre arme : la musique. C’est le meilleur moyen pour nous battre et pour défendre notre cause.

La communauté internationale et les pays voisins du Mali s’inquiètent de la présence, aux côtés du MNLA, de groupes islamistes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Qu’en pensez-vous ?

E.A.L. : Je suis témoin de ce qui se passe dans le nord du Mali et je peux vous affirmer qu’aucun islamiste ou membre d’Aqmi ne fait partie de ce mouvement. Il n’y que des Touareg qui cherchent à libérer notre territoire. Pour moi, ce sont des histoires inventées de toutes pièces par les pays occidentaux. Notre pays dispose de nombreuses ressources, comme l’uranium et le pétrole, et cela attire toutes les convoitises.

- Lire sur le site de France 24

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