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Mali : l’armée attaque les Touareg

Le Figaro, le 17 février 2012

vendredi 17 février 2012, par Tilelli

Les affrontements avec les indépendantistes se concentrent près de la frontière algérienne.

Le Mali s’enfonce dans la guerre. Depuis lundi, d’importants combats opposent l’armée malienne aux troupes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), une rébellion touareg, qui a lancé ses premières offensives à la mi-janvier. Les affrontements se concentrent autour de Tessalit. Cette petite ville de garnison, perdue dans les sables, est considérée comme un point stratégique, son éventuelle chute entre les mains du MNLA ouvrant la voie à Kidal, la capitale du nord Mali. Le MNLA, qui assiège le camp de Tessalit depuis le 19 janvier, a ces derniers jours massé des forces pour tenter d’en déloger les soldats de Bamako. Une menace sérieuse. Cette rébellion, composée essentiellement d’anciens mercenaires maliens de Kadhafi ayant fui la Libye avec armes et bagages lors de la déconfiture du Guide et de déserteurs touaregs de l’armée malienne, est puissante. Nettement mieux armé que ses prédécesseurs des années 1980 et 2000, le MNLA est aussi plus radical. Il n’exige rien de moins que l’indépendance.

Pour secourir les siens, l’état-major malien a donc déployé de gros moyens, engageant plusieurs dizaines de 4×4 et des blindés légers soutenus par des hélicoptères de combat. Ces derniers, pilotés par des Européens de l’Est restent le principal avantage de Bamako. Jeudi, l’issue des combats semblait aussi incertaine que les bilans. L’armée malienne affirmait avoir infligé un important revers au MNLA, tuant une centaine de rebelles et détruisant soixante-dix véhicules. De son côté, la rébellion minimise ses pertes et assure que le siège continue. Nous avons toujours l’intention de prendre le camp de Tessalit », lance le porte-parole du MNLA, Hama Ag Sid Ahmed. « Tout ce que l’on sait c’est que les affrontements ont été durs et des civils ont été touchés », témoigne un employé d’une agence humanitaire. Changement de tactique

Seule certitude, l’offensive de Tessalit signe un vrai changement de tactique de la part des autorités maliennes. Jusqu’alors, Bamako était resté fidèle à une stratégie d’évitement qui consistait à fuir les combats et à se replier. En quelques semaines, le MNLA était ainsi entré dans cinq villes, notamment à Aguelhok, où plusieurs dizaines de soldats prisonniers avaient été tués. Ce massacre, et les retraites successives avaient suscité d’extrêmes tensions au sien de l’état-major malien, où les critiques à l’égard du président Amadou Toumani Touré, dit ATT, étaient de plus en plus vives. Des officiers reprochaient au chef de l’État, son manque de décision. Un mécontentement qui est largement sorti des couloirs feutrés du palais présidentiel. Les affrontements avec les indépendantistes se concentrent près de la frontière algérienne.

Le Mali s’enfonce dans la guerre. Depuis lundi, d’importants combats opposent l’armée malienne aux troupes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), une rébellion touareg, qui a lancé ses premières offensives à la mi-janvier. Les affrontements se concentrent autour de Tessalit. Cette petite ville de garnison, perdue dans les sables, est considérée comme un point stratégique, son éventuelle chute entre les mains du MNLA ouvrant la voie à Kidal, la capitale du nord Mali. Le MNLA, qui assiège le camp de Tessalit depuis le 19 janvier, a ces derniers jours massé des forces pour tenter d’en déloger les soldats de Bamako. Une menace sérieuse. Cette rébellion, composée essentiellement d’anciens mercenaires maliens de Kadhafi ayant fui la Libye avec armes et bagages lors de la déconfiture du Guide et de déserteurs touaregs de l’armée malienne, est puissante. Nettement mieux armé que ses prédécesseurs des années 1980 et 2000, le MNLA est aussi plus radical. Il n’exige rien de moins que l’indépendance.

Pour secourir les siens, l’état-major malien a donc déployé de gros moyens, engageant plusieurs dizaines de 4×4 et des blindés légers soutenus par des hélicoptères de combat. Ces derniers, pilotés par des Européens de l’Est restent le principal avantage de Bamako. Jeudi, l’issue des combats semblait aussi incertaine que les bilans. L’armée malienne affirmait avoir infligé un important revers au MNLA, tuant une centaine de rebelles et détruisant soixante-dix véhicules. De son côté, la rébellion minimise ses pertes et assure que le siège continue. Nous avons toujours l’intention de prendre le camp de Tessalit », lance le porte-parole du MNLA, Hama Ag Sid Ahmed. « Tout ce que l’on sait c’est que les affrontements ont été durs et des civils ont été touchés », témoigne un employé d’une agence humanitaire. Changement de tactique

Seule certitude, l’offensive de Tessalit signe un vrai changement de tactique de la part des autorités maliennes. Jusqu’alors, Bamako était resté fidèle à une stratégie d’évitement qui consistait à fuir les combats et à se replier. En quelques semaines, le MNLA était ainsi entré dans cinq villes, notamment à Aguelhok, où plusieurs dizaines de soldats prisonniers avaient été tués. Ce massacre, et les retraites successives avaient suscité d’extrêmes tensions au sien de l’état-major malien, où les critiques à l’égard du président Amadou Toumani Touré, dit ATT, étaient de plus en plus vives. Des officiers reprochaient au chef de l’État, son manque de décision. Un mécontentement qui est largement sorti des couloirs feutrés du palais présidentiel.

Ainsi, début février, des femmes, mères ou épouses de soldats, ont manifesté pour crier leur colère. Elles soupçonnaient que la stratégie d’évitement ne soit qu’un faux nez pour cacher la misère de l’armée malienne, souvent sous-équipée. « Nous avons dû fuire car nous n’avions pas de munitions », a anonymement raconté un soldat cité par Reuter. En parallèle, l’irruption du MNLA a provoqué des mouvements de colère de la population de Bamako contre la minorité touareg. Plusieurs commerces ont été pillés et des Maliens originaires du Nord vivement pris à partie. Face à ces pressions, ATT n’avait d’autres choix que de réagir. Des villes désertes

D’autant que la gestion du problème touareg a également brouillé les relations du Mali avec ses voisins du Niger et de Mauritanie mais aussi avec Paris. Bamako ne cache pas son agacement après qu’une délégation du MNLA a été reçue à Paris en octobre. Mais la France, comme l’Union africaine, s’oppose à toute division du Mali. « L’intégrité territoriale du Mali n’est pas négociable et le problème n’est pas là. L’urgence est d’obtenir un cessez-le-feu », explique un diplomate.

Car, au nord le conflit aggrave une situation humanitaire déjà mauvaise. Les populations ont dû fuir la plupart des villes. Kidal, Tessalit, mais aussi Gao ou Ménaka sont aux deux tiers vides. « Les habitants se sont réfugiés dans les périphéries, à 10 ou 15 kilomètres dans des conditions très difficiles, parfois sans eau potable », détaille un employé d’une ONG. Environ 30.000 Maliens seraient aussi partis vers les pays voisins, en Mauritanie au Niger ou en Algérie. Ainsi, début février, des femmes, mères ou épouses de soldats, ont manifesté pour crier leur colère. Elles soupçonnaient que la stratégie d’évitement ne soit qu’un faux nez pour cacher la misère de l’armée malienne, souvent sous-équipée. « Nous avons dû fuire car nous n’avions pas de munitions », a anonymement raconté un soldat cité par Reuter. En parallèle, l’irruption du MNLA a provoqué des mouvements de colère de la population de Bamako contre la minorité touareg. Plusieurs commerces ont été pillés et des Maliens originaires du Nord vivement pris à partie. Face à ces pressions, ATT n’avait d’autres choix que de réagir. Des villes désertes

D’autant que la gestion du problème touareg a également brouillé les relations du Mali avec ses voisins du Niger et de Mauritanie mais aussi avec Paris. Bamako ne cache pas son agacement après qu’une délégation du MNLA a été reçue à Paris en octobre. Mais la France, comme l’Union africaine, s’oppose à toute division du Mali. « L’intégrité territoriale du Mali n’est pas négociable et le problème n’est pas là. L’urgence est d’obtenir un cessez-le-feu », explique un diplomate.

Car, au nord le conflit aggrave une situation humanitaire déjà mauvaise. Les populations ont dû fuir la plupart des villes. Kidal, Tessalit, mais aussi Gao ou Ménaka sont aux deux tiers vides. « Les habitants se sont réfugiés dans les périphéries, à 10 ou 15 kilomètres dans des conditions très difficiles, parfois sans eau potable », détaille un employé d’une ONG. Environ 30.000 Maliens seraient aussi partis vers les pays voisins, en Mauritanie au Niger ou en Algérie.

Tanguy Berthemet

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