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Déclaration du député Ibrahim AG Mohamed Assaleh avant de regagner la rébellion : « Cette force représente des milliers d’hommes qui disposent des équipements les plus sophistiqués en terme d’artillerie, d’infanterie et des missiles sol-sol et air-sol

BamakoLive, le 13 février 2012

mercredi 15 février 2012, par Tilelli

Dans notre dernière parution, nous avons signalé que des députés ont regagné les bandits armés. Parmi eux, et ici même à Bamako le 10 décembre 2011 avant de rejoindre les assaillants, le député Ibrahim AG Mohamed Assaleh, élu à Bourem (région de Gao) a prononcé un discours historique lors de la rencontre organisée par le PARENA dans le cadre de la Concertation sur les Crises du Sahel… Ce jour-là, le député ignorant toute l’opportunité que lui offre notre démocratie notamment à travers son statut de député, s’est plutôt fondu en accusations, aux allégations maveillantes à l’égard de notre peuple pour justifier ses ambitions séparatistes : « Les populations civiles ont été massacrées, leur cheptel décimé. Il y eut des mariages forcés avec des soldats et d’innombrables disparitions… Le nouveau front séparatiste dénommé MNLA (Mouvement National pour la Libération de l’Azawad) qui a été créé tout récemment, le 15 octobre 2011 et qui regroupe, en son sein, les jeunes combattants des ex-rébellions des années 90, de celle de 2006, des jeunes du MNA (Mouvement National de l’Azawad), des jeunes revenus de la Lybie et des officiers, sous-officiers et hommes de rang ayant déserté, une importante colonie de jeunes songhaï des ex mouvements Ganda koi et Ganda iso ont eux aussi rejoint Zakak base militaire du MNLA tout récemment, auxquels s’ajoutent, dans leur majorité, les leaders politiques du Nord. » Et pour s’attirer les faveurs de la France et de l’ensemble des occidentaux, il martèle : « Leurs objectifs est, en priorité, d’assainir et de rendre vivables leur zone étouffée par deux graves calamités qui entravent leur liberté et qui corrompent des membres de leur communauté au vue et au su de nos autorités : AQMI et le narco-trafique qui polluent nos territoires depuis dix ans et qui sont à la base de l’insécurité et du sous-développement dans le Sahel. » Monsieur le Président du PARENA, Mesdames, Messieurs les Ministres et représentants du gouvernements, Mesdames Messieurs les élus, Mesdames Messieurs Leurs Excellences représentant officiel des chancelleries et organismes nationaux et internationaux, Mesdames Messieurs les membres des délégations des pays frères ,Mesdames Messieurs les représentants des Partis Politiques Maliens et de la sous Région associations et ONG, Mesdames, Messieurs les invités, Je me réjouis d’être parmi vous, aujourd’hui, invité par Tiébélé Dramé, à m’exprimer dans le cadre de la Concertation sur les Crises du Sahel, sur les problèmes d’actualité qui sont notre préoccupation majeure. Je salue l’action du PARENA, un parti qui se pose en rassembleur avec un slogan aussi clair qu’encourageant : « un autre Mali est possible » et où le Septentrion figure en bonne place parmi ses « grands chantiers ». Le PARENA est le seul parti qui organise des colloques sur la thématique de la sécurité dans la zone Sahélienne en général et du Mali en particulier. Les membres du PARENA, avec beaucoup de sollicitude, demeurent en permanence à l’écoute et jouent un rôle déterminant en maintenant le dialogue entre les différentes parties, soucieux de trouver les meilleures solutions aux problèmes les plus complexes. Permettez-moi de me présenter, Ibrahim ag Mohamed Assaleh, Député à l’Assemblée Nationale, élu à Bourem depuis 2007. Je suis l’un des initiateurs du Réseau de Plaidoyer pour la Paix, la Sécurité et le Développement des Régions Nord Mali qui est composé de membres des communautés Songhaïs, Peuhls, Arabes et Touarègues ; Vice-Président et chargé des Relations extérieures de ce Réseau depuis 2009 . Si je suis là, aujourd’hui, devant vous, c’est pour vous apporter des éclaircissements et ma modeste contribution pour vous permettre de comprendre clairement la situation dramatique dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Je vais tout d’abord débuter par un bref historique qui nous mènera jusqu’à la situation actuelle. Débutons par la première rébellion du septentrion de 1963-64. Elle a été matée à sang par l’armée malienne. Les populations civiles ont été massacrées, leur cheptel décimé. Il y eut des mariages forcés avec des soldats et d’innombrables disparitions… A ce jour, aucun travail de mémoire en commun en souvenir de ce passé tragique et douloureux, ni aucune réparation de ces crimes n’ont été entrepris. Il n’y a jamais eu au Mali une véritable politique de réconciliation nationale et nous ne disposons aujourd’hui d’aucune garantie qu’une telle horreur ne puisse plus se reproduire. Trente ans plus tard, la rébellion des année 90 a été sanctionnée par un Pacte National trop précipité, entre le gouvernement malien et le MFUA (Mouvement et Front Unifié de l’Azawad) autour de trois composantes majeures :
- Une composante institutionnelle, qui a engendré la décentralisation, mais qui n’a pas bénéficié de l’accompagnement nécessaire. Cela aurait pourtant évité aux élections locales d’être entachées par des irrégularités nombreuses et systématiques sur la totalité du territoire du Nord Mali.
- Une composante sécuritaire, qui devait aboutir à l’intégration des ex-combattants du MFUA. Dès la signature du pacte national, un premier quota a été engagé et depuis, les différentes ethnies du Nord Mali sont pratiquement exclus des recrutements réguliers de l’armée malienne ou sont recrutés de façon très marginale dans les forces militaires et paramilitaires.
- Une composante économique : au cours des vingt dernières années, le Nord Mali a été doté par les bailleurs de fonds internationaux, de plusieurs milliards de francs Cfa, qui ont été versés à l’Etat du Mali pour le développement de la région Nord. Hélas, le bilan est terrible. On estime que moins de 10 % de cette manne providentielle ont été concrètement investis dans le Septentrion. Nous nous sentons interpellés par ce constat. Le pacte national n’a donc jamais été respecté et c’est cet état de fait qui a provoqué la rébellion du 23 mai 2006. A son tour, elle a été sanctionnée quelques mois plus tard par les Accords d’Alger. Ceux-ci stipulaient que des unités spéciales, composées en majeure partie par des Touaregs seront formées pour protéger la zone. Elles n’ont jamais vu le jour jusqu’en 2010, où leur dotation en logistique s’est limitée à cinq pick-up sans armements ! Et voilà qu’aujourd’hui, ces mêmes unités spéciales ont déserté pour regagner le nouveau front séparatiste dénommé MNLA (Mouvement National pour la Libération de l’Azawad) qui a été créé tout récemment, le 15 octobre 2011 et qui regroupe, en son sein, les jeunes combattants des ex-rébellions des années 90, de celle de 2006, des jeunes du MNA (Mouvement National de l’Azawad), des jeunes revenus de la Lybie et des officiers, sous-officiers et hommes de rang ayant déserté, une importante colonie de jeunes songhaï des ex mouvements Ganda koi et Ganda iso ont eux aussi rejoint Zakak base militaire du MNLA tout récemment, auxquels s’ajoutent, dans leur majorité, les leaders politiques du Nord qui se sont battus, tout au long de ces années, pour la pacification, le développement et le bien être de la populations des régions Nord Mali, toutes ethnies confondues. Cette force représente des milliers d’hommes qui disposent des équipements les plus sophistiqués en terme d’artillerie, d’infanterie et des missiles sol-sol et air-sol. Leurs objectifs est, en priorité, d’assainir et de rendre vivables leur zone étouffée par deux graves calamités qui entravent leur liberté et qui corrompent des membres de leur communauté au vue et au su de nos autorités : AQMI et le narco-trafique qui polluent nos territoires depuis dix ans et qui sont à la base de l’insécurité et du sous-développement dans le Sahel. Ces organisations criminelles ont donné un coup d’arrêt fatal aux activités touristiques représentant une part importante du PIB Malien, ainsi qu’aux partenariats économiques et au commerce intérieur. Ils sont aussi la cause des recommandations draconiennes des chancelleries occidentales auprès de leurs ressortissants qui ne fréquentent plus la zone en raison des rapts. Tout cela met à mal l’économie de notre Pays, du Nord au Sud, d’Est en Ouest et appauvrit l’ensemble de nos populations. L’ensemble de ces facteurs qui n’ont pas trouvé de solutions, après tant d’années et qui font face à l’inertie de nos autorités, doit faire l’objet d’un débat urgent, profond et sans ambiguïté, au sein de tout le peuple malien, avec le soutien de la communauté internationale. Cette démarche serait un gage solennel pour la sauvegarde de l’unité nationale et la mise en place d’un dispositif politique et ambitieux pour éradiquer énergiquement et définitivement ce cancer qui dévore le monde.

Je vous remercie.

Rassemblé par Mamadou DABO Zénith Balé du 13 février 2012.

- Liure sur le site de BamakoLive

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