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« Le Mujao roule pour le Maroc »

L’Expression, le 5 mai 2012

samedi 5 mai 2012, par Tilelli

Dans un entretien accordé à L’Expression, le chef de la diplomatie de la Rasd, Mohamed Salem Ould Salek, a fait un tour d’horizon de la situation dans la région et est revenu sur la question des rapts et l’émergence du Mujao.

L’Expression : Quelle analyse faites-vous de la situation sécuritaire au Sahel en général et de la crise malienne en particulier ? Mohamed Salem Ould Salek : La situation est tout simplement catastrophique, chaotique et préoccupante. Cette situation risque, en effet, de s’envenimer menaçant la paix et la stabilité sur toute l’étendue de la sous-région. Outre la présence active des groupes terroristes liés à l’organisation terroriste d’Al Qaîda au Maghreb (Aqmi) et à certains services spéciaux veillant sur leurs intérêts géostratégiques dans la région, il y a également les réseaux de trafiquants et de contrebandiers, liés aux divers groupes d’Aqmi, qui ont, paraît-il, élu domicile au Sahel, où ils se sont imposés en maîtres des lieux. La circulation des armes libyennes, dont une grande majorité est tombées entre les mains de groupes terroristes actifs au Sahel, et de bien d’autres groupes aux activités criminelles, constitue une préoccupation majeure pour les pays de la région. Donc, il faut dire que les pays de la sous-région, qui doivent déjà faire face à des militants armés et des contrebandiers, sont désormais confrontés à un afflux de combattants et l’arrivée en quantité et en qualité de toutes sortes d’armes, alimentant dans la région des crises et conflits dormants. Pour ce qui est de la crise au Mali, le Polisario souhaite que les Maliens puissent trouver une solution pacifique à la crise dans un cadre national, mais surtout sans qu’il y ait pour autant une interférence étrangère.

Que pensez-vous de la décision de la Cédéao, concernant l’envoi d’une force militaire pour rétablir la stabilité au nord du Mali, tout en s’opposant aux velléités indépendantistes des Touareg et à la présence active des groupes terroristes ? Le Rasd pense que les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) doivent aider les autorités maliennes à sortir de la crise et trouver des solutions pour rétablir la paix et la stabilité du Mali. Néanmoins, nous souhaitons que la Cédéao puisse mener sa mission en collaboration avec l’Union africaine. Pour ce qui est des revendications du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), le Polisario soutient la position de l’Union africaine, à savoir l’intégrité du territoire du Mali. Et nous espérons également que le conflit entre Bamako et les Touareg trouve une solution pacifique, dans les plus brefs délais.

Certains experts des questions sécuritaires soutiennent que les groupes terroristes au Sahel roulent pour des gouvernements étrangers et/ou sont liés à des services secrets écumant la sous-région... Il n’y a pas de doute là-dessus. Il faut dire que tout est relatif. Les groupes terroristes sont en relation avec les puissances étrangères souhaitant déstabiliser toute la sous-région. Cela pour dire que les prises d’otages et les autres actions et attentats perpétrés au Sahel ne représentent, en réalité, rien que de fallacieux prétextes pour ceux qui cultivent des velléités interventionnistes dans la région. L’agression continue du Maroc contre le Sahara occidental, depuis 1975, soutenue par des puissances étrangères, en particulier la France, constitue ainsi une source de déstabilisation de toute la sous- région et s’inscrit dans le sillage des velléités interventionnistes étrangères dans la région. Les autorités sahraouies disposent de preuves confirmant que certains groupes terroristes, activant dans la sous-région, travaillent sur injonction et directives de certains gouvernements, en l’occurrence le Maroc et ses alliés. L’exemple du groupe terroriste, dénommé Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), apparu récemment et présenté comme une dissidence d’Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), ayant ses bases dans le nord du Mali, est une invention des services marocains, soutenue par des gouvernements étrangers souhaitant, par voie de conséquence, plonger toute la sous-région dans l’instabilité et l’insécurité pour permettre une intervention étrangère au Sahel. Ce même groupe est d’ailleurs responsable et auteur de l’enlèvement à Tindouf, en novembre dernier, de trois humanitaires dont deux Espagnols et une Italienne. Il est aussi l’auteur de l’enlèvement, le 5 avril du consul d’Algérie à Gao (Nord-Mali) et de six de ses collaborateurs ainsi que de l’attentat-suicide contre une brigade de gendarmerie à Tamanrasset, qui avait fait, début mars, 23 blessés. C’est un groupe terroriste qui s’acharne contre l’Algérie, faut-il le dire, depuis sa création. C’est dire qu’il est même chargé de faire de l’Algérie sa cible. Avez-vous des preuves concrètes pour accuser si directement les services marocains d’être derrière le Mujao ? Des preuves ! En effet, les autorités sahraouies détiennent des preuves concrètes quant à l’implication des services marocains dans les activités du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest. Et puis, il faut dire également que bon nombre de spécialistes des questions sécuritaires n’ignorent pas cette réalité impliquant le Maroc.

Mais, quelles sont vos preuves ? Nous avons par exemple certains éléments du groupe Mujao, qui ont été arrêtés par les services de sécurité sahraouis à la suite de l’enlèvement des trois humanitaires européens à Tindouf. Ces derniers ne nient pas le fait qu’ils ont été recrutés par des services marocains pour enlever les trois humanitaires à Tindouf. Par ailleurs, nous avons également d’autres éléments, qui seront communiqués en temps opportun, c’est-à-dire les résultats de l’enquête diligentée contre les terroristes qui sont sous les verrous dans l’Etat sahraoui.

- Lire sur le site de l’Expression

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