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L’axe Bouteflika – Ait Ahmed a fait éclater la CNCD et s’apprête à construire une nouvelle république sans les généraux, sans le FLN et sans le RND

in "Le Matin Dz", le 10 mars 2011

jeudi 10 mars 2011, par Tilelli

Un nouvel axe Bouteflika – Ait Ahmed – Mehri- Louisa Hanoune et probablement Hamrouche est en train de voir le jour , Son but ? « La transition vers la démocratie » En fait, isoler les généraux, redonner une chance de cohabitation avec les islamistes, dessiner une Algérie « nouvelle » Dans cet axe, chacun pense se servir de l’autre. Les partis de Sant Egidio pour faire passer la réconciliation avec les islamistes et promouvoir un homme de transition (qui pourrait être Hamrouche), Bouteflika pour réaliser son plan secret : passer la succession à son frère.

On en sait un peu plus, aujourd’hui, sur les circonstances de la rupture au sein de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) : elle a bien éclaté, sous l’influence des partis politiques, entre partisans de Sant’Egidio et « éradicateurs », autour de l’enjeu Bouteflika et de la question suivante : le changement se fera-t-il avec ou sans Bouteflika ? « Sans Bouteflika », avaient rétorqué les autres, à leur tête le RCD de Saïd Sadi et l’avocat Ali Yahia Abdenour.

« Avec Bouteflika », avaient dit les représentants du FFS et des partis réconciliateurs (Sant’Egidio), fortement représentés dans la CNCD par Mostefa Bouchachi, président de la Ligue des droits de l’homme et proche du FFS et d’Ait-Ahmed..

leur plan de « transition démocratique » repose, avant tout, sur :

- Le maintien de Bouteflika

- La mise à l’écart des généraux dont Toufik

- La réhabilitation des islamistes

- La nomination d’un chef de gouvernement proche des réconciliateurs qui serait Mouloud Hamrouche et dont le nom circule à Alger.

Interrogé mercredi 9 mars par le site Maghreb Emergent (CNCD, Pouvoir, agenda du changement : Me Bouchachi s’explique sur tout), maître Mostefa Bouchachi, un des fondateurs de la CNCD, proche du FFS, passe tout de suite aux aveux et exprime mot à mot le plan de Sant’Egidio et la lettre de Mehri à son « frère » Abdelaziz Bouteflika (février 2011), lettre « chaudement » accueillie par le fondateur du FFS (Front des forces socialistes), Hocine Ait Ahmed et dans laquelle Mehri proposait au président une transition démocratique d’ici novembre 2011. Bouchachi est très clair : « Je pense qu’il faut être pragmatique : c’est un changement qui peut se faire avec le pouvoir. Il faut d’abord que cesse la démocratie de façade, les militaires et les services de sécurité qui gèrent le pays par téléphone il faut que cela cesse d’abord. Ensuite, nous savons tous que personne ne souhaite de vacance de pouvoir dans ce pays, nous savons tous à quel point c’est dangereux, surtout dans un pays comme l’Algérie, cela peut nous mener tout droit vers une situation à la libyenne. »

Plus loin, Bouchachi se fera plus précis :

« On peut envisager la mise en place d’un gouvernement de coalition nationale qui organise de vraies élections dans lesquelles tout le monde participera. Cela peut nous mener vers la démocratie et le départ du système de manière contrôlé. C’est la seule vraie sortie. Une révolution à la tunisienne, à l’égyptienne ou libyenne je pense que ce n’est pas ce qu’il nous faut, c’est porteur de trop grands dangers. »
Maghreb émergent : Sans exiger la démission de Abdelaziz Bouteflika ?

Oui, cela n’est pas nécessaire à mon avis, à partir du moment où il accepte cet accord.

Isoler les généraux

Se débarrasser des généraux est donc le point commun qui lie Bouteflia à Ait Ahmed.

Bouchachi le dit explicitement : « Il faut d’abord que cesse la démocratie de façade, les militaires et les services de sécurité qui gèrent le pays par téléphone il faut que cela cesse d’abord. »

Comment répond Bouteflika à Ait Ahmed ? On le sait en lisant le Jeune indépendant du 9 mars, un quotidien assez bien informé par le clan Bouteflika qui s’en sert de porte-voix « Selon une source proche du dossier, le président Bouteflika « doit préparer l’Algérie à un véritable changement politique et constitutionnel avec la participation de l’ensemble de la classe politique et des personnalités nationales telles que Aït Ahmed, Mehri et Hamrouche. Le pays doit arriver à faire naître la deuxième République algérienne. La première République qui a pris le pouvoir en 1962 a échoué dans son entreprise. Le GPRA et la Constituante ont été dissous par les partisans du KO.(…) Selon notre source, le pouvoir en place semble apprécier la position et les propositions du FFS qui a réussi une grande première la semaine dernière : « Il est revenu au temps de la mobilisation maghrébine. Le changement dans un seul pays est non productif dans cette grande ère de mondialisation. C’est le PPA, MTLD, OS et FLN (1954-62) qui ont préparé la Révolution, rassemblant le peuple jusqu’à l’indépendance en 1962. Les despotiques ont récupéré l’élan nationaliste en confisquant l’indépendance, poussant les nationalistes et indépendantistes à fuir le pays, alors que d’autres ont été emprisonnés, poussés à l’exil et assassinés. Le GPRA a été empêché d’asseoir les structures de l’indépendance, la Constituante dissoute par Ben Bella. Aujourd’hui le FFS qui n’a jamais abandonné ses luttes pacifiques, des personnalités nationales et historiques en association avec d’autres personnalités et hommes politiques sincères, peuvent constituer le nœud gordien de la renaissance nationale. »

Autrement dit, revenir à 1962, au GPRA de Benkhedda et effacer le putsch de l’armée de Boumediène (« les partisans du KO ») qui a installé Ben Bella de force. Revenir à une Algérie sans militaires, offerte à un pouvoir civil, cette Algérie pour laquelle s’est battue ait Ahmed !

On nage en pleine hypocrisie : c’est Bouteflika qui était l’un des agents les plus zélés du putsch militaire de 1962 contre le GPRA !

Mais continuons la lecture du Jeune indépendant pour découvrir ceci : "Donc, il faut revenir à une Constituante qui devrait élaborer une nouvelle Constitution pérenne et non conjoncturelle 6 mois avant – chaque président élabore la sienne –, la dissolution du Parlement, du Conseil de la nation et de toutes les instances élues et enfin un gouvernement de transition chargé de mettre en œuvre les structures projetées, dont la préparation des élections, locales, législatives et une élection présidentielle. L’élection présidentielle pluraliste devrait être annoncée pour le 5 juillet 2012, date de naissance de la deuxième république démocratique et sociale ! ».

Le plan de Bouteflika

On y est : ce qui intéresse Bouteflika dans le plan des partis de Sant’Egidio, c’est qu’il épouse parfaitement son propre plan : laisser la succession à son frère. Car, contrairement aux illusions répandues ici et là, le président n’a pas renoncé à son projet de faire élire Saïd Bouteflika, en dépit des révoltes arabes.

Le rapprochement avec les partis de Sant’Egidio sert sa stratégie déjà révélée par le Matindz le 6 juin 2009 (Saïd Bouteflika ou la nouvelle "légitimité" du système - PREMIERE PARTIE) : niveler le terrain pour son petit frère ; lui enlever le poids de l’armée ; lui offrir un « parti majoritaire » à la place du FLN (remisé au placard) et du RND (dissous ?) ; agréer de nouveaux partis qui lui serviraient de « soutiens satellites » ; organiser des législatives anticipées pour le mettre sur selle avant l’échéance 2014…

« Un profond changement politique, économique, constitutionnel est nécessaire aujourd’hui. Une Constituante reste le plafond nécessaire du changement, toutes les sensibilités nationales, y compris des représentants du pouvoir, des jeunes doivent s’associer pour appeler à la refondation nationale, et la naissance de la deuxième République. Il faut aussi revoir les démarches actuelles et assainir les partis politiques. Le FLN actuel ne doit pas être encore souillé. C’est un patrimoine national à maintenir en dehors du jeu politique », conclut le Jeune indépendant.

Nazim B - lematindz

1. Rappelons qu’en septembre 2009, deux mois avant l’amendement de la constitution qui a permit au président Bouteflika de briguer un troisième mandat, Hocine Aït Ahmed, Abdelhamid Mehri ainsi que l’ancien chef du gouvernement Mouloud Hamrouche, 68 ans, avaient engagé une initiative politique similaire « pour une ouverture démocratique en Algérie. »

Lire l’article sur le site "Le Matin Dz"

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