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Rébellion touarègue au Mali : Le dialogue, une arlésienne ?

Le Pays, le 2 mars 2012

vendredi 2 mars 2012, par Tilelli

Apparemment, l’heure n’est pas encore au dialogue entre les chefs de la rébellion touarègue et le gouvernement malien. Depuis le 28 février, une épreuve de force est en cours dans le Nord Mali, précisément dans la ville garnison de Tessalit. L’armée malienne renforce ses positions dans la zone, toute chose que les rebelles ne voient pas d’un bon œil. D’où ces combats qualifiés des « plus violents » depuis le déclenchement des hostilités le 17 janvier dernier. Ainsi donc, pendant que les diplomates embouchaient les trompettes du dialogue, chacun des camps, dans le secret de leur état-major respectif, ne dormait point, fourbissant plutôt ses armes. On n’en est pas encore à un affrontement généralisé ; ces accrochages sont plutôt le reflet d’une guerre de positionnement autour d’une ligne de front que les rebelles ne veulent pas voir les soldats maliens franchir. Les rebelles ont compris que derrière le discours diplomatique d’Amadou Toumani Touré (ATT) sur la nécessité du dialogue pour sortir de la crise, il ne demeure pas moins un général d’armée dont les hommes ont subi une humiliation à Aguelhok au début de la crise en janvier. La volonté de laver cet affront est réelle. Elle est même légitime pour le moral des troupes, surprises le 17 janvier dernier et mal équipées pour faire face à la menace. Et Amadou Toumani Touré semble en avoir tiré les leçons en s’équipant à la hauteur de la menace. Les combats et les accrochages seront de plus en plus violents, de plus en plus sanglants avec une forte pression cependant sur ATT qui doit gérer le flux des déplacés. ATT est en train de se lancer dans un processus de sécurisation dans l’espoir de tenir le scrutin du 26 avril prochain. Un pari bien osé dans le contexte actuel parce qu’en face, les rebelles sont tout sauf des enfants de chœur. Lourdement armés, les rebelles du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) ne vont pas manquer de harceler les forces armées maliennes dans les trois principales régions du Nord que sont Gao, Tombouctou et Kidal, histoire d’y empêcher la tenue régulière du scrutin. Est-il possible de tenir le scrutin alors qu’une partie du pays est sous le contrôle de forces ennemies ? Reporter le scrutin est –il une bonne option dans la mesure où elle ne résout pas la question touarègue ? La question est de savoir si en cas de report, les deux camps auront le temps de faire la paix à travers le dialogue que certains appellent de leurs vœux, étant entendu que le report de la présidentielle ne saurait excéder le mois de mai ? Si les autorités maliennes tiennent à la tenue du scrutin présidentiel, seul un cessez-le-feu pourrait faire l’affaire. Cependant, telles que les choses se présentent sur le terrain, l’heure est plus au bandage de muscles qu’à autre chose. Les diplomates devraient prendre leur mal en patience en attendant une éclaircie au plan militaire.

Abdoulaye TAO

- Lire sur le site de ’Afriscoope.com

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