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Crise au nord-mali : Trop de complaisances !

Le Combat, le 29 février 2012

vendredi 2 mars 2012, par Sam

Avec les rébellions armées, les bandes de trafiquants et les passeurs qui écument ses déserts, avec les groupes terroristes qui y ont trouvé le gite et le couvert, le Mali est comme dans un éternel recommencement.

Mais comment un Etat dirigé par un Général des commandos parachutistes a-t-il pu en arriver là ? L’autre question qui se pose, c’est celle de savoir : quel miracle l’Union africaine (UA) et les autres facilitateurs éventuels sont-ils en mesure de réaliser ? A un moment où la situation du Nord fait penser à une démission de l’Etat et des pouvoirs publics, il y a lieu de chercher et trouver des solutions radicales, voire décisives.

Lorsqu’en février 2008, le rallye automobile Paris-Dakar a été délocalisé de l’Afrique à la pampa sud-américaine, beaucoup d’Africains ont dénoncé un lâchage, voire de la lâcheté. A cette époque, les organisateurs de la plus célèbre course automobile du continent avaient évoqué des questions d’insécurité relative à l’implantation de groupes islamistes dans certaines régions où les coureurs seraient exposés à des attaques ou des rapts.

Le « chiffon rouge » agité depuis plusieurs années avait donc fini par prendre feu : 4 touristes européens venaient d’être assassinés par des membres présumés du groupe terroriste AQMI.

Le Sahel, et plus particulièrement le désert malien, était devenu si inhospitalier que non content de délocaliser le rallye Dakar, les pays occidentaux avaient commencé à créer chez leurs ressortissants la peur des attentats en cas de visite dans ces régions.

Le soulèvement des indépendantistes touaregs de Kidal en 2006 n’avait fait que rajouter au climat d’incertitude et de méfiance. Ces situations ponctuées par l’expansion du terrorisme international au nez et à la barbe de plusieurs Etats de la bande sahélo-saharienne (Mauritanie, Algérie, Maroc, Niger, Tchad, et bien sûr Mali) n’auraient-elles pas dû faire réagir plus énergiquement le gouvernement malien ?

Il se peut que les accusations de mollesse d’ATT, qui fusent depuis quelques années de Nouakchott et d’Alger, ne soient pas complètement infondées. Sinon, comment comprendre que c’est précisément sur le territoire malien que le mouvement AQMI (groupe terroriste algérien à l’origine) a fini par établir ses quartiers d’où il peut mener ses actions et prospérer presque impunément ?

Quelle politique de la « main tendue » autorise-t-elle autant de laisser-aller ? Fallait-il d’ailleurs tendre la main à des groupes terroristes quand on risque de se la voir coupée par ces individus sans foi ni loi ?

Une chose est certaine : c’est ce laisser-faire qui est à l’origine du déclenchement, depuis quelques semaines, de la nouvelle rébellion touarègue plus violente et plus déterminée que toutes celles qui l’ont précédée. Ses revendications ne font d’ailleurs l’ombre d’aucun mystère : l’autodétermination de la région de l’Azawad, des villes de Kidal, Gao et Tombouctou, autant dire tout le Nord du Mali. Il y aurait de quoi sourire si la situation dramatique des morts, des déplacés et des réfugiés n’incitait pas à la retenue. Le Mali est tout de même un Etat souverain et fort du principe de l’intégrité irrévocable de son territoire et de l’intangibilité des frontières issues de la colonisation. C’est cette conviction qui a peut-être induit le Gouvernement malien en erreur au moment où des centaines d’ex-mercenaires du défunt Guide de la Révolution libyenne, défaits et chassés du pays, rentraient au Mali avec armes et bagages. A moins que ce soit la peur de la confrontation armée directe qui ait poussé l’Etat à tolérer ces retours ou de ce flux de combattants surarmés dont on aurait dû savoir qu’ils allaient encore faire parler d’eux. On a donc vu le Mali se comporter comme un Etat faible. Les choses auraient été différentes si les négociations entamées avec les « enfants prodiges » (les maliens de retour de la Libye) l’avaient été comme au Niger ou en Mauritanie, c’est-à-dire dans le cadre d’une fermeté sans faille. Mais il faut croire que l’immensité du territoire malien et la porosité des frontières n’ont pas permis à l’armée malienne de prendre des mesures réellement efficaces d’autant plus que le peu de développement de la région de l’Azawad, depuis les indépendances, peut sommairement justifier le sentiment d’abandon dont se prévalent les rebelles du MNLA pour justifier leurs offensives. Maintenant que la guerre a commencé, le plus important et le plus difficile consistent à ramener définitivement la paix avant l’échéance fatidique des élections d’avril 2012. C’est ce que le nouveau Président en exercice de l’Union africaine (UA) doit entreprendre : le Président béninois saura-t-il alors trouver la solution miracle ? En tout cas, ce sera son véritable test en tant que Président en exercice de l’UA, un poste dont il se montre si fier et si concerné à la tête de l’institution panafricaine.

Paul N’guessan

- Lire sur le site de Africatime

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