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Le petit Amazigh rebelle et la puissante société du roi

Demain Online, le 29 février 2012

mercredi 29 février 2012, par Tilelli

Rabat.- C’est un petit révolté. Un Amazighion indomptable. Tête rasée, le drapeau de Tamazgha, la patrie mythique des Berbères, qui flotte derrière, au fond, ce petit est un enfant d’Imider, ce village qui se bat depuis des années contre les abus de la puissante Société métallurgique d’Imiter (SMI), une des entreprises de l’ex-ONA devenue SNI, mais qui continue d’appartenir au roi Mohamed VI.

Notre pousse s’exprime dans sa langue maternelle, le tamazight, en toute spontanéité. Il détaille minutieusement les problèmes des habitants de la région. Il cite, il donne également des explications et défend son point de vue.

Etonnant non ? Surtout venant de la part de quelqu’un qui n’a pas été éduqué dans une école privée de Casablanca.

En plus, le petit homme possède la manière de parler, de s’exprimer, d’expliquer et de convaincre, le tout accompagné d’une apparente gesticulation.

Outre les revendications que la Voie du 96 avait déjà énumérées dans un communiqué de presse publié sur Demain, le bonhomme lance martialement : » Si nous, les habitants d’Imider, ne sommes pas responsables de la nomination des responsables vicieux et incompétents (il fait allusion au gouverneur etc), cela n’empêche que les gouvernants ( là, il vise le grand calibre) doivent subir les conséquences de ce que font leurs subordonnés ».

C’est que ce révolutionnaire en herbe considère que la contestation qui a affecté la production de la mine du roi est tout à fait légitime. Et si le sultan veut que cela cesse, il n’a qu’à donner suite aux revendications des habitants.

Et ce n’est pas fini. Le petit donne des leçons de morale à ceux qu’il traite d’opportunistes et de courtisans. Il leur dit : « On sait bien que vous êtes prêts à tout vendre, vos mères et vos familles pour de l’argent. Vous le faites, on le sait bien. Mais sachez que, d’une part vous vendez beaucoup moins cher votre dignité. Vous auriez dû la vendre pour plus que ça. Et d’autre part, vous manquez d’honnêteté vis-à-vis de votre terre. Et si la voie du 96 a réussi à nous unir, c’est qu’elle dit des choses vraies« . Et toc !

A la fin, quand son interlocuteur lui rappelle une de ses citations (tous droit réservés au petit Amazigh !), il n’hésite pas une seconde à la relancer avec des airs à la Pancho Villa : » Je préfère mourir dans mon village que d’aller mourir ailleurs. Et qu’on m’enterre parmi les miens. Au moins j’aurai la tête reposée. Je saurai ce qui se passe autour de moi ».

On dit que la vérité sort de la bouche des enfants, mais celui-là est un vrai Gavroche.

Saïd Salmi

- Lire l’article sur le site de Demain online

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