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Le président Omar el-Béchir effectue une visite controversée en Libye

AFP, le 7 janvier 2012

lundi 9 janvier 2012, par Tilelli

Le président soudanais Omar el-Béchir, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour génocide au Darfour, effectue une visite en Libye, suscitant les critiques des organisations de défense des droits de l’Homme.

AFP - Le président soudanais controversé Omar el-Béchir a été reçu samedi par les nouvelles autorités libyennes à Tripoli, où il a assuré que la chute du régime de Mouammar Kadhafi était le "meilleur cadeau jamais offert au Soudan".

Cette visite de M. Béchir a cependant suscité des critiques, l’organisation Human Rights Watch (HRW) estimant que l’accueil réservé à ce "fugitif international" mettait en doute les engagements du Conseil national de transition (CNT) libyen en matière de justice.

Au Soudan, un "front révolutionnaire" de rebelles soudanais a demandé samedi à la Libye d’arrêter M. Béchir, conformément au mandat d’arrêt lancé contre lui par la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes contre l’humanité commis au Darfour.

"Nous sommes venus remercier les thowars (ex-rebelles) libyens pour ce qu’ils nous ont offert : le meilleur cadeau jamais offert au Soudan dans son histoire contemporaine", a déclaré M. Béchir samedi lors d’une conférence de presse au premier jour de sa visite qui doit durer jusqu’à dimanche.

"Injustice, agressions et violences ont conduit à la division du Soudan, et ceci avec un appui direct de Kadhafi", a ajouté M. Béchir.

A La Haye, la CPI s’est refusé à tout commentaire sur cette visite qui doit durer jusqu’à dimanche. La Libye n’ayant pour l’instant ni signé ni ratifié le traité de Rome sur l’autorité de la CPI, ses autorités ne sont pas tenues de livrer M. Béchir à la Cour.

Mais Richard Dicker, un responsable de HRW, a vivement critiqué cette visite : "Omar el-Béchir est un fugitif international recherché pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre", a-t-il déclaré à l’AFP par téléphone depuis New York.

"Beaucoup de gouvernements lui ont refusé l’entrée dans leur pays. Son arrivée à Tripoli envoie un message troublant quant à l’engagement du CNT en matière de droits de l’Homme et de l’état de droit", a-t-il ajouté.

"Quels que soient l’histoire et les liens politiques entre le CNT et Omar el-Béchir, le respect des droits de l’Homme, sans parler des centaines de milliers de victimes au Darfour, est prioritaire", a-t-il insisté. "C’est le principe de l’état de droit".

Interrogé sur la coopération entre Khartoum et Tripoli dans le domaine de la justice internationale, le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, qui se tenait au côté de M. Béchir, a déclaré que Tripoli n’agirait "pas en dehors" de la Ligue arabe et de l’Union africaine.

Les discussions entre M. Béchir et les autorités libyennes ont porté sur la coopération en matière économique, politique et de sécurité. M. Abdeljalil a aussi annoncé que la Libye prévoyait d’investir au Soudan dans les domaines de l’agriculture et de l’immobilier.

Par le passé, les relations entre M. Kadhafi et M. Béchir ont parfois été tendues.

L’ancien dirigeant libyen a envoyé des armes au Darfour, région de l’ouest du Soudan frontalière avec la Libye, et en 2010, la Libye a accueilli Khalil Ibrahim, chef du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM), le plus militarisé des groupes rebelles du Darfour, tué en décembre par l’armée soudanaise peu après son retour au pays.

Selon M. Béchir, la Libye a aussi financé et équipé une attaque meurtrière menée par le JEM en 2008 à Khartoum.

"Quand je visitais la Libye, tout le monde croyais que nous étions amis (avec Kadhafi), mais on était toujours menacé, un couteau dans le dos", a assuré M. Béchir samedi. En octobre, il avait affirmé avoir soutenu les troupes du CNT et fourni des armes aux combattants libyens.

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