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L’apparition de nouveaux groupes modifie le paysage idéologique du Mali

Magharibia, le 4 janvier 2012

mercredi 4 janvier 2012, par Tilelli

Les spécialistes se penchent sur les possibles liens existant entre les nouvelles organisations religieuses et terroristes dans le nord du Mali et al-Qaida.

Les évènements survenus dans le nord du Mali poussent les experts à s’interroger sur le rôle et l’influence d’al-Qaida dans cette région traditionnellement agitée.

Une nouvelle organisation, baptisée Harakat Ansar al-Din (Mouvement des partisans religieux), a pris pour objectif d’unifier les déserteurs de l’armée malienne et les anciens membres des milices de Mouammar Kadhafi sous la bannière commune de la charia et des droits des Touaregs d’Azaouad.

La formation d’Ansar al-Din, près de Kidal, par Iyad Ag Aghaly - un important leader touareg dans le nord du Mali - coïncide de peu avec l’annonce du Jamaat Tawhid Wal Jihad Fi Garbi Afriqiya (Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’Ouest), qui a revendiqué l’enlèvement à Tindouf de ressortissants espagnols et italiens en octobre 2011.

Cette revendication, malgré les précédentes théories concernant l’implication d’AQMI, soulève des questions concernant la volonté de ces nouveaux groupes de conclure certaines alliances, explique l’analyste Sid Ahmed Ould Tfeil.

L’annonce d’Ansar al-Din, a-t-il ajouté, pourrait permettre à Ag Aghaly d’accuser certains militants touaregs de collaboration avec al-Qaida dans l’enlèvement de ressortissants occidentaux.

Cette possibilité avait également été mentionnée par Jeune Afrique dans son édition du 12 décembre. Dans un article consacré à la "Connexion touareg" avec AQMI, le magazine citait des sources maliennes suggérant qu’entre deux mille et quatre mille combattants étaient rentrés de Libye, afin de créer une large région autonome.

Ce même article décrivait également les accords de pouvoir conclus et dissouts entre plusieurs groupes dans le nord du Mali par des personnages troubles, en partie des narcotrafiquants, des rebelles, des islamistes d’un jour, et, souvent, des opportunistes.

Ce réseau d’allégeance est dominé par trois noms : Iyad Ag Aghaly, leader du Mouvement islamique pour la libération d’Azaouad (MILA), rebaptisé Ansar al-Din ; Abdel Karim Targui, émir d’AQMI dans la région ; et Mohamed Najim, ancien colonel dans l’armée libyenne qui s’était allié aux partisans d’Ibrahim Ag Bahanga, aujourd’hui décédé, pour créer le Mouvement national pour la libération d’Azaouad (MNLA) à Tin-Assalak, au nord de Kidal.

Les spécialistes ne parviennent toutefois pas à s’entendre sur l’impact de ces nouveaux groupes dans la région.

"Je ne pense pas qu’Iyad Ag Aghaly représente une menace réelle pour le régime en place au Mali", estime Sadik Abu Bekren, professeur d’université et spécialiste du nord du Mali. "Cela tient au fait que la nouvelle génération de Touaregs ne le considère pas comme un modèle, contrairement à Ibrahim Ag Bahanga, qui symbolisait pour eux la vision d’un véritable leader."

Abu Bakren a expliqué à Magharebia que l’objectif était également politique. "Pour moi, Iyad Ag Aghaly a conduit cette rébellion et a contacté al-Qaida dans la région pour tenter de jouer les gros bras en vue d’intimider le vainqueur de l’élection présidentielle d’avril 2012", a-t-il ajouté. "Il veut réaliser des avancées politiques majeures, et rien d’autre ; c’est la même stratégie qu’il a suivie avec le gouvernement actuel, dont il sait qu’il est faible et accorde plus de privilèges à ceux qui représentent une menace réelle ."

Pour le politologue Mohamed Said, l’explication est différente, fondée sur la nécessité. C’est ainsi qu’il a expliqué à Meydane.info : "Le retour d’Iyad Ag Aghaly d’Arabie saoudite marque le début de la revitalisation d’un mouvement touareg qui cherche à unifier la province d’Azaouad, à gagner son autonomie et à bénéficier des richesses naturelles… Mais sa création d’un mouvement djihadiste populaire sous le nom d’Ansar al-Din est une tentative de conférer une essence islamique djihadiste aux mouvements rebelles, de manière à gagner la confiance d’autres mouvances, notamment d’al-Qaida."

Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 03/01/12

- Lire l’article sur le site de Magharebia

P.-S.

Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.

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