Tamazgha
Accueil du site > Lu dans la presse > Des chefs pas si recommandables dirigent l’insurrection libyenne

Des chefs pas si recommandables dirigent l’insurrection libyenne

Tribune de Genève, le 20 mai 2011

samedi 21 mai 2011, par Tilelli

Conseil national de transition | Trois figures de l’insurrection ont joué un rôle dans la terrible affaire des infirmières bulgares

« Accepterais-tu de recevoir le Massoud libyen ? » Le 4 mars dernier, Bernard-Henri Levy, qui vient de rencontrer dans sa villa le chef politique de la rébellion libyenne, appelle Nicolas Sarkozy pour arranger une rencontre des deux hommes à l’Elysée. Un Massoud libyen, vraiment, ce Mustafa Abdeljalil ? Jouant les conseillers du prince, BHL, le voltigeur de la conscience occidentale en temps de guerre, a soudain la mémoire courte et une morale à géométrie variable.

L’ancien ministre de la Justice du colonel Kadhafi a en effet un lourd passé. A Sofia notamment, on n’a pas oublié qui il est. Et pour cause : il présidait la Cour d’appel de Tripoli en charge du dossier des infirmières bulgares. C’est lui qui, à deux reprises (en 2005 et 2006), a prononcé la peine capitale contre cinq infirmières et un médecin palestinien, accusés d’avoir inoculé du sang contaminé par le VIH à 426 enfants, malgré les preuves scientifiques les mettant hors de cause.

Le juge des infirmières

« Dans cette affaire de l’Hôpital de Benghazi, Abdeljalil a servi Kadhafi. Ce dernier a voulu se présenter en sauveur d’une population qu’il a plusieurs fois réprimée en désignant un ennemi étranger », souligne Laszlo Liszkaï, auteur d’un livre sur Kadhafi qui sort cette semaine. En 2007, le « Guide » l’a récompensé de sa fermeté répétée en le nommant ministre de la Justice. Ce musulman pieux, comme l’atteste sa marque au front, dirige au sein du CNT le camp traditionaliste soutenu par les islamistes et les tribus, face aux libéraux, emmenés par l’avocat Abdul Hafiz Ghaga, vice-président du CNT.

Deux autres chefs de la rébellion ont joué un rôle important dans l’affaire des infirmières. Le premier a provoqué un esclandre à Bruxelles entre le premier ministre bulgare et le président français, le mois dernier. « Dans ce conseil libyen, il y a des gens qui ont torturé nos infirmières », s’est insurgé Boïko Borissov face à Nicolas Sarkozy qui a reconnu le CNT, créé le 5 mars à Benghazi comme seul représentant légitime de la Libye. Sans le nommer, le chef du gouvernement bulgare parlait de l’ex-ministre de l’Intérieur de Kadhafi, le général Abdel Fattah Younès al-Abidi, qui a fait défection en février. « En charge de la sécurité intérieure, il a diligenté l’enquête dans l’affaire de l’Hôpital de Benghazi et donné l’ordre d’obtenir des aveux, y compris par la torture », précise Laszlo Liszkaï.

Des islamistes radicaux

Le troisième personnage de ces heures sombres est l’actuel coordinateur militaire de la rébellion, Idris Lega. A l’époque, il avait pris la présidence d’une association des parents d’enfants infectés, montée pour la circonstance, afin d’opposer l’opinion libyenne et la douleur des familles à tous ceux qui émettaient des doutes sur les charges. Un rôle capital dans le casting du procès voulu par le « Guide » pour amadouer les rebelles de Cyrénaïque.

Enfin, des membres du groupe islamique de combat libyen – d’anciens combattants d’Afghanistan qui ont tenté de renverser Kadhafi dans les années 90 – se sont engagés aux côtés de la rébellion, affirment des experts cités par le Washington Post. Ces islamistes radicaux, dont les leaders ont rompu avec Al-Qaida, joueraient un rôle dans les combats. Même s’ils ne représentent pas la totalité des rebelles, comme voudrait le faire croire le colonel Kadhafi.

Lire l’article sur le site de "la Tribune de Genève"

Répondre à cet article



SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0