Cri du cœur pour le Nord : bouter les envahisseurs hors de nos frontières

Notre pays traverse depuis quelques semaines la plus grave crise de son histoire. Des millions de nos compatriotes souffrant dans leur âme et dans leur chaire ont pu faire des contributions et/ou réflexions pour sortir le Mali de ce bourbier. Mais aucune personne, seule, ne pourra sortir notre grand Mali de la situation actuelle. Autant dire que l’heure est grave. Mais, fort heureusement, notre sort n’est pas catastrophique. Pour en sortir, il faut la conjugaison de toutes les intelligences du pays à travers des actes et propos allant dans le sens d’un réarmement moral de toutes les forces vives de la nation à commencer par les militaires. Il faut en effet que tous les fils du pays portent le Mali dans leur cœur, « rien que le Mali », que l’on taise notre ego pour ne mettre que notre pays au-dessus de tout parce certains de nos compatriotes profitent justement de ces moments douloureux pour se livrer à des compromissions d’une rare gravité. Il faut également que tous les fils du pays, chacun en ce qui le concerne, se mettent à la disposition de la patrie pour accomplir la seule mission qui vaille, bouter les envahisseurs hors de nos frontières. Il est évident que tous les fils du pays ne sauraient et même ne pourraient aller au front pour combattre les envahisseurs. Mais chacun de nous a un rôle à jouer dans l’œuvre de défense et de construction nationale. Par exemple, les militaires engagés pour la défense de la patrie doivent considérer leur mission comme la plus noble qui soit. Par ailleurs, la nation toute entière, en prélude à la contre-offensive de l’armée malienne contre les envahisseurs, doit dédier une journée de mobilisation nationale au cours de la quelle les Niamakalaw, les historiens et autres détenteurs des secrets et valeurs de notre mémoire collective viendront faire des chants et témoignages en vue du réarmement moral de nos troupes. Il faut comprendre que l’ennemi de notre pays se trouvait au-dedans de nos frontières et non en dehors. La situation d’humiliation que subit notre pays est le fait d’hommes en qui le pays a placé une entière confiance. Aujourd’hui, il est fait recours à la médiation de la CEDEAO pour coller les morceaux. « Contre mauvaise fortune, il faut faire bon cœur », dit l’adage. Sinon, les Maliens ont les ressorts pour surmonter cette crise. D’ailleurs, le nouveau président du Mali ne disait-il pas dans son premier discours à la Nation : « Le bateau Mali vient d’essuyer une lame d’une violence inouïe mais il n’a pas chaviré et il ne coulera pas ». Notre pays a les moyens de sa guerre. L’intérêt supérieur du Mali et des Maliens nous commandent le dialogue avec les frères égarés. Mais si le dialogue, vertu cardinale du Mali, ne donne pas les résultats escomptés, il faut alors user de la force contre les bandits armés conformément à notre hymne national où nous avons cette profession de foi : « Nous sommes résolus de mourir pour l’Afrique et pour toi, Mali ». Mais pas si vite ! Dans l’effort de dialogue, nous devons aller par étapes. En premier lieu, il nous faut renouer le dialogue avec certains de nos amis, je veux citer par exemple l’Algérie, la Mauritanie, le Niger qui partagent certaines réalités avec nous. Dans la perspective d’une intervention militaire de la CEDEAO au nord Mali, il faudra la caution de l’Algérie qui a sa carte à jouer. Je sais que le pays de Bouteflika est prêt pour ce sacrifice aux côtés du Mali, un Mali qui, à l’occasion de la disparition de Ahmed ben Bella, premier président de l’Algérie indépendant, a mis son drapeau en berne pendant trois jours. Comme pour dire que nos deux pays ont un destin commun. Le Mali ayant des accords de coopération avec l’Union Européenne, nous pouvons en attendre un appui logistique si jamais nous devons aller à la guerre. Aujourd’hui, les relations entre le MNLA et les fondamentalistes religieux sont établies. La menace n’est plus pour le seul Mali. Elle vaut pour tous les pays de la sous région voire de la méditerranée et par voie de conséquence pour l’Europe. DIEU aime le Mali Au regard de la situation actuelle, on peut sans risque de se tromper dire qu’un heureux concours de circonstances se présente en faveur du Mali. En effet, les forces ennemies du Mali se tiraillent entre elles pour des questions d’intérêts divergents. Les illuminés d’Ançar Eddine d’Iyad Ag Ali criminel), les fous de Dieu d’Al Qu’aida au Maghreb Islamique et de Boko Haram, les sécessionnistes de l’Azawad, ont chacun un combat différent. Il nous revient de tirer partie de cette divergence idéologique entre les ennemis du Mali. La pire de toutes ces organisations pour nous est sans conteste le mouvement de partition de l’Azawad qui, heureusement, est en passe de tout perdre, puisque isolé par tous les autres mouvements auprès desquels il a développé ses racines. C’est pourquoi, un sursaut d’orgueil national doit nous animer pour aller à la reconquête des nos territoires occupés et bouter hors de notre pays ces individus mal intentionnés.

Amadou Ombotimbé , Journaliste

Source : Info Matin

Maliactu du 18 avril 2012