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Mali : la ville de Kidal aux mains des rebelles, la junte appelle à l’aide

AFP, le 30 mars 2012

vendredi 30 mars 2012, par Tilelli

Les rebelles touareg et les groupes islamistes armés ont pris vendredi le contrôle de la ville stratégique de Kidal, dans le nord-est du Mali, poussant la junte militaire à s’alarmer de cette situation "critique" et à appeler au soutien "extérieur" pour endiguer cette avancée.

"Les rebelles maîtrisent la situation (...). Hier ils ont lancé leur offensive, ça s’est arrêté vers 20H00 (locales et GMT), et ils ont repris ce matin et maîtrisé les deux camps militaires", selon un habitant joint par téléphone.

"Les gens d’Iyad (Ag Ghaly, chef du groupe armé islamiste Ansar Dine) sont entrés dans la ville, ils nous ont dit +circulez, n’ayez pas peur+. Ils disent aux civils +Allah Akbar+ et nous répondons +Allah Akbar+ (Dieu est grand)", a raconté un autre fonctionnaire.

Selon une source diplomatique africaine, l’attaque a été menée "essentiellement par le groupe Ansar Dine d’Iyad Ag Ghaly appuyé par des combattants d’Aqmi" (Al-Qaïda au Maghreb islamique).

Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le grand groupe rebelle touareg, et Ansar Dine, dont le chef est natif de Kidal, prenaient la ville en étau depuis plusieurs jours.

Le MNLA, qui affiche une position laïque, ne partage pas les objectifs d’Ansar Dine (défenseur de l’islam, en arabe), qui vise l’instauration de la charia (loi islamique) et a des liens avec Aqmi, mais les deux groupes combattent parfois ensemble l’armée malienne par stratégie.

Le nord du Mali subit depuis la mi-janvier une vaste offensive des rebelles touareg et de groupes islamistes, qui ont réussi à prendre plusieurs villes.

Avec les localités d’Aguelhok, Tessalit, Tinzawaten et aujourd’hui Kidal, les rebelles contrôlent désormais la quasi-totalité du nord-est malien, considéré comme le berceau des Touareg. Les villes de Gao (nord-est) et Tombouctou (nord-ouest), restent sous contrôle de l’armée.

La junte au pouvoir depuis le coup d’Etat militaire qui a renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré (dit ATT) a invoqué l’échec du régime contre la rébellion pour justifier son putsch.

Acculée face aux rebelles, sous la menace d’un embargo aux conséquences potentiellement désastreuses brandie par l’Afrique de l’Ouest, la junte, par la voix de son chef, le capitaine Amadou Sanogo, a jugé vendredi matin la "situation critique".

"Excuses"

"Les rebelles continuent à agresser notre pays et terroriser nos populations" et "notre armée a besoin du soutien des amis du Mali", a lancé le capitaine Sanogo, dans un discours au camp militaire de Kati, près de Bamako, son quartier général.

Il a déploré "un incident malheureux indépendant de notre volonté", après l’échec de la médiation de chefs d’Etat ouest-africains jeudi à Bamako, qui ont annulé leur venue en raison d’une manifestation pro-junte à l’aéroport.

Le chef des mutins a présenté ses "excuses" à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et aux partenaires du pays.

Forcés de rebrousser chemin, les chefs d’Etat se sont retrouvés à Abidjan autour du président ivoirien Alassane Ouattara. Choisissant la manière forte, ils ont menacé la junte d’un embargo "diplomatique et financier" faute d’un retour à l’ordre constitutionnel d’ici lundi.

La menace est très sérieuse : une telle mesure provoquerait immédiatement l’asphyxie du Mali, pays pauvre et enclavé, avec une fermeture des frontières, une fermeture de l’accès aux ports des pays côtiers de la zone et un gel des comptes du Mali à la banque centrale ouest-africaine (BCEAO).

Les membres du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE, junte) sont aussi menacés de sanctions incluant une interdiction de voyager et un gel des avoirs dans la région.

"Nous avons compris la position de la Cédéao, nous nous félicitons surtout de la volonté de part et d’autre de continuer à privilégier le dialogue", a commenté le chef des putschistes, qui a "invité la Cédéao à approfondir davantage son analyse de la situation", sans pour autant proposer formellement aux chefs d’Etat de revenir à Bamako.

Face aux condamnations internationales unanimes et aux menaces de leurs voisins, les putschistes pourraient raidir leur attitude.

Ils se sont efforcés jusqu’à présent d’instaurer un état de fait, multipliant les mesures visant à une normalisation, notamment l’adoption d’une Constitution censée régir la transition jusqu’à des élections à une date non déterminée.

Ils savent pouvoir s’appuyer sur l’adhésion d’une partie des Maliens vivant dans la pauvreté et écoeurés par la corruption.

Mais à Bamako, le climat s’est détérioré ces dernières heures, avec trois blessés graves lors de l’attaque du QG du front anti-junte par des partisans des putschistes, alors que la presse internationale est de plus en plus prise à partie par les soutiens du nouveau régime.

- Lire sur le site du Point

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