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Les Toubou veulent leur place dans l’après-Kadhafi

Le Temps, le 30 septembre 2011

jeudi 6 octobre 2011, par Tilelli

Cette ethnie originaire du sud du pays, proche des champs pétroliers et des gisements aquifères de la rivière artificielle qui alimente Tripoli, veut négocier sa position stratégique. Les Toubou ont attendu que le régime Kadhafi soit suffisamment affaibli pour rejoindre ouvertement la rébellion

Dans la Libye de l’après-Kadhafi, l’heure est à la redistribution des cartes et les Toubou n’entendent pas être en reste. Tout comme les Berbères, longtemps opprimés sous le régime Kadhafi, les Toubou veulent profiter de la nouvelle donne pour avancer leurs revendications, obtenir une reconnaissance de leur langue, de leurs droits et de leur poids politique. Cette ethnie vit dans le sud de la Libye, le nord du Tchad et l’est du Niger, autour du massif du Tibesti qui constitue son berceau historique. Longtemps instrumentalisés par Mouammar Kadhafi, les Toubou ont l’intention de négocier chèrement leur position stratégique dans le sud de la Libye, où ils commandent les frontières.

Alors que d’âpres négociations ne cessent de retarder la formation d’un gouvernement intérimaire censé conduire la transition vers des élections libres, la communauté toubou réclame une représentation conséquente. « Nous voulons un des trois ministères clés que sont le pétrole, les affaires étrangères ou l’intérieur », affirme sans ambages Jomode Elie Getty, fondateur du Conseil national toubou. Installé à Paris depuis plus d’une décennie mais en relation permanente avec les membres toubou du Conseil national de transition libyen (CNT), à Benghazi, il revendique, à l’instar des militants berbères, la reconnaissance du toubou comme langue nationale, à côté de l’arabe et du tamazigh, ainsi que la réunification du sud libyen, divisé entre le Fezzan et la Cyrénaïque, en une seule grande région qui serait administrée par des responsables locaux.

Situation ambiguë

Cette tentation fédéraliste et régionaliste se fait fortement sentir dans l’est de la Libye, d’où est partie la révolte contre le régime Kadhafi, le 15 février, mais aussi à l’extrême ouest, dans les monts Nefoussa, fief des Berbères libyens. A l’instar des habitants de la Cyrénaïque et du réduit berbère, les Toubou estiment avoir été opprimés par Kadhafi, qui leur aurait dénié toute expression culturelle ou politique.

En fait, la situation des Toubou sous l’ancien régime était ambiguë. « Ils étaient tout à la fois méprisés, instrumentalisés et rétribués, explique Patrick Haimzadeh, ancien militaire et diplomate, excellent connaisseur de la Libye et auteur d’Au cœur de la Libye de Kadhafi (JC Lattès). Il leur avait confié la gestion des marges et des frontières en échange du monopole des trafics et de la contrebande transfrontaliers. « Bien représentés parmi les officiers subalternes, les Toubou n’ont jamais accédé à des responsabilités nationales, pas même au poste très convoité de gouverneur militaire de Sebha, la grande ville du sud, longtemps occupée par Abdelhafiz Massoud, un proche de Kadhafi.

Christophe Ayad,

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