Dans le complexe résidentiel déserté par Kadhafi, le butin de guerre retrouvé par les rebelles est pour le moins hétéroclite. Entre les armes plaquées or, les nombreuses statues à l’effigie du "Guide" déchu et les canapés en forme de sirène, les journaliste de l’agence de presse américaine et de la chaîne américaine Msnbc signalent un surprenant album photo. A l’intérieur, une série de portraits de l’ancienne secrétaire d’État américaine sous l’administration de George W. Bush, Condoleezza Rice.
Ces dernières années, le dictateur libyen avait déjà laissé paraître cet étonnant attachement. Lors d’une interview accordée à la télévision Al-Jazira en 2007, Mouammar Kadhafi avait ainsi salué le travail de Condoleezza Rice, soulignant l’influence considérable de l’Américaine sur le monde arabe. "Je soutiens ma chère femme noire africaine", avait-il dit, avant de renchérir "j’admire et je suis très fier de la façon dont elle se penche en arrière et donne des ordres aux dirigeants arabes. (...) Leezza, Leezza, Leezza, je l’aime vraiment beaucoup. Je l’admire et je suis fier d’elle, parce que c’est une femme noire d’origine africaine."
L’année suivante, Mouammar Kadhafi avait rencontré l’ancienne secrétaire d’État, lors d’une visite historique en Libye. Le "Guide" l’avait reçue dans sa résidence, et s’était adressé à elle en l’appelant "Leezza", alors que ses proches l’appellent plutôt "Condi", selon des collaborateurs de la secrétaire d’État. Il lui avait alors offert une bague en diamants, un luth, un médaillon gravé de son portrait et un exemplaire autographié du "Livre vert", son manifeste politique personnel. Des cadeaux d’une valeur de 212 000 dollars tout de même, que "Leezza" n’avait pas pu conserver. La loi américaine interdit en effet aux dirigeants américains de conserver des cadeaux remis par des dirigeants étrangers.
L’ancienne secrétaire d’État n’a pas souhaité commenter cette étonnante trouvaille. Le porte-parole du département d’État a brièvement commenté l’annonce, dissimulant à peine son inquiétude : "bizarre et effrayant sont de bons qualificatifs pour décrire une bonne partie du comportement de Kadhafi. Ce n’est donc pas une surprise pour moi. Mais c’est profondément bizarre et profondément effrayant si c’est comme vous l’avez décrit".
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