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Et Mokhtar SAKHRI qui nous explique comment l’OTAN soutient militairement les "djuhadistes" libyens...

Sur AgoraVox

samedi 28 mai 2011, par Tilelli

Une version algérienne qui a du mal à passer. La presse algérienne n’a cessé de défendre cette hypothèse prenant les gens pour des c...

Il faut dire qu’y en aqui quei n’ont pas du tout intérêt à ce que le tyran de Tripoli parte...

Mais il partira quand même... qu’en déplaise aux autres dictataurs et voyous d’Afrique du Nord et leurs mercenaires de tous genres...




Et l’OTAN déploya son aile protectrice sur les djihadistes libyens !

Alors que la résolution 1973 a été adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU pour soi-disant protéger des populations civiles sans défense et aspirant à la liberté et à la démocratie, l’on assiste à un soutien militaire résolu de l’OTAN à une insurrection armée pilotée par des fanatiques visant à transformer la Libye en un autre Afghanistan avec le risque de déstabiliser toute la région autour du Ténéré où s’est déjà solidement implantée l’AQMI.

Les faits ont la force de faire éclater les évidences en balayant les doutes : Après deux mois de bombardements infligés à la Libye par l’OTAN, seuls les idiots, auxquels s’adresse la campagne de désinformation orchestrée par la majorité des médias occidentaux - dont certains semblaient pourtant au-dessus de pratiques aussi abjectes - peuvent encore croire aux vertus humanitaires de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU. Les réelles intentions de ses auteurs se sont en fait révélées dans la vitesse, la précipitation même, avec lesquelles ils ont entamé - tout juste 48 heures après son adoption - les « frappes » aériennes qui ont consisté à neutraliser dès les premiers coups le système de défense du pays au moyen d’un lancé massif de Tomahawks américains. Et de fait, tel un assassin qui revient sur les lieux de son crime, les ex-puissances coloniales, soutenues par les USA, ont pris comme prétexte le soulèvement populaire pour s’abattre à l’instar d’un vol de vautours sur leur ancienne colonie et tenter de la soumettre dans un dessein que tout un chacun peut imaginer en se représentant les immenses richesses de son sous-sol.

Dès le lendemain des premiers bombardements, les civils pacifiques et sans défense étaient devenus sur les écrans de télévision des insurgés armés de mitrailleuses, de lance-roquettes et autres mortiers montés sur pick-up, voire même de chars. L’apparition de barbus visiblement aguerris rendait clair que ceux des insurgés réellement épris de liberté et de démocratie - s’il en est - se sont retrouvés à faire partie malgré eux d’une rébellion armée fomentée et déclenchée par des djihadistes et des fanatiques de tout bord - que l’on trouve d’ailleurs derrière tout le « Printemps arabe » et dont les visées sont certes de renverser ces dictatures que l‘Occident aujourd’hui réprouve après les avoir pourtant bien tolérées, entretenues et même aveuglément soutenues - dans l’intention d’instaurer une autocratie fondée sur la foi et la charia que les plus lucides des observateurs occidentaux commencent à peine à appréhender. Il est hors de doute que telles sont les réelles intentions de Mustapha Abdeljellil. Il suffit de le voir paraître pour s’en convaincre. Car son apparition en gros plan sur les écrans de télévision a de quoi frapper de stupeur : Le chef des « révolutionnaires » libyens a le front marqué de ce cal marron que l’on peut observer sur Ayman Al Zawahiri ou certains dignitaires iraniens et que tous les fanatiques purs et durs portent telle une « estampille d’Allah » attestant leur ferveur religieuse.

Ce signe ostentatoire est à lui seul significatif et porteur de présages des plus funestes, d’autant que ce docteur de la foi, diplômé en charia de l’Université de Tripoli, ne montra pas une once de pitié et d’humanisme du temps qu’il était Président de la Cour d’appel : sa piété islamique ne l’empêcha pas de condamner à mort cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien injustement impliqués dans un complot à la Dreyfus… Moustapha Abdeljellil fut par contre, en tant que ministre de la Justice, plus sensible au sort des islamistes emprisonnés pour cause de rébellion armée et qui furent à l’origine de ses dissensions avec le régime. Aussi furent-ils massivement libérés au cours des manifestations populaires de février, en partie déclenchées en réaction à leur détention, et armés avec les armes pillées dans les arsenaux qu‘ils avaient attaqués à l‘occasion.

Du reste beaucoup de celles-ci, y compris des missiles sol-air, finirent aussi entre les mains innocentes de jeunes manifestants ignares et incapables de s’en servir avant d’être exfiltrées dans les sanctuaires de l’AQMI au Ténéré, à en croire les propos du Président du Tchad, Idriss Déby Itno, recueillis par Jeune Afrique dans son édition du 6 avril dernier. La Libye s’est donc bien trouvée confrontée à une rébellion armée et non pas à des manifestations pacifiques, comme en Tunisie et en Égypte. Bernard Henri Lévy, par qui le mal est arrivé, l’ignorait-il ? Ou bien faisait-il mine de ne l’avoir pas compris ? Il est certain que ses intérêts convergent tellement peu vers ceux du peuple libyen, qu’il n’a pu capter sa vocation pacifique, donc son aspiration à vivre dans la dignité et dans la paix, et par voie de conséquence sa répugnance de l’effusion de sang.

Il est vrai qu’il s’est rendu en Libye porté non pas par une quelconque sympathie mais en tant que sioniste et ami d’Israël (pardon pour le pléonasme !) et donc le cœur forcément chargé de haine à l’endroit de la Libye antisioniste de Kadhafi, l’ennemi juré d’Israël qui n’a de cesse quant à lui de clamer à la face de la terre qu’Israël est une calamité qui s’est abattue sur le monde arabe en usurpant la patrie des Palestiniens. Alors il a saisi l’occasion, s’est fait messager de l’apocalypse et a agi de façon à provoquer une guerre voulue dans les faits par ceux qui lui ont vendu leur âme et qui, sans crainte de se déconsidérer aux yeux de leurs frères, ont choisi de faire appel à des puissances étrangères pour chasser le Guide et les installer au pouvoir. Leur démarche leur a d’ailleurs valu le mépris de quelque 2000 chefs de tribus qui les ont qualifiés de traîtres au cours de la conférence de soutien à Kadhafi tenue le 7 mai dernier à Tripoli.

Aussi est-il légitime de se poser la question de savoir en quel pays le pouvoir laisserait des rebelles attaquer les casernes, les dépôts d’armes et de munitions sans réagir, ou encore rester stoïque devant le massacre de ses soldats et de ses policiers et la prise en otage la société civile ? Et puis, au regard de quel droit réprimer une félonie qui met en danger la population et menace l’intégrité territoriale d’un pays serait-il soudain devenu un crime contre l’humanité ? Sans doute Bernard Henri Lévy et tous ceux qu’il a illuminés ignorent-ils également, ou en tout cas feignent-ils d’ignorer, que ses « protégés » et très dévots révolutionnaires de Benghazi éclairent quant à eux leur pensée par l’écoute d’un certain Youssef al-Qaradhaoui, cheikh égyptien et mufti de la chaîne de télévision Al-Djazira, qui dispose d’une tribune hebdomadaire à partir de laquelle il arrose de son verbe pieux et mobilisateur le monde arabe et toutes les communautés de croyants de la planète auxquels il représente la grandeur de l’islam dans le triomphe de ses valeurs en leur promettant qu’un jour le soleil d’Allah brillera sur l‘Occident !

Curieusement, la chaîne de télévision qatarie, née comme pendant arabe de CNN est devenue un instrument de désinformation en même temps que vecteur médiatique d’Oussama Ben Laden, auquel elle offrait des apparitions sur le petit écran en faisant palpiter les cœurs de joie et de bonheur dans de larges secteurs du monde islamique tant le chef d’Al Qaïda y était considéré comme le héros qui a frappé l’Amérique au cœur. Ben Laden, soit dit en passant, dont l’exécution a plutôt aggravé les ressentiments à l’égard des Américains et de l’Occident chez une partie non négligeable d’un monde musulman où il occupera désormais la même place qu’occupe Che Guevara chez les adeptes de l’internationale socialiste et de la révolution permanente.

Ainsi, l’icône et la parole sainte aidant, la chaîne de télévision qatarie est devenue un puissant stimulant qui pousse des millions de fidèles, sans distinction de lieu de résidence, dans une espèce d’embrigadement, à former des bataillons de prieurs, des armées sans armes mais aux âmes bien chargées, qui se rassemblent sur les places et dans les rues - faute de place dans les mosquées ? - sans doute plus pour insinuer le sentiment d’une démonstration de force que pour prier.

D’ailleurs elle a secrété le ferment qui a favorisé le déclenchement des révoltes arabes, et provoqué le souffle puissant qui leur donne tant de vigueur. La liberté et la démocratie réclamées par les manifestants de Tunisie, d’Égypte, de Syrie ou du Yémen, sont avant tout la démocratie et la liberté qui garantiront le respect de leurs coutumes et leurs pratiques religieuses par l’application de la charia comme loi fondamentale de l’État. C’est ce pourquoi nombre d’insurgés libyens, comme Abdelkrim el Hassadi, émir de Derna et chef d’une katiba du CNT, qui a combattu en Afghanistan entre 1997 et 2002 aux côtés de Ayman al Zawahiri, selon les confidences livrées à Sara Daniel (Nouvel Observateur - 14 avril 2011), ont pris les armes avec la ferme intention de chasser Kadhafi, en sollicitant l’aide des Occidentaux.

Expédition qui se révèle malgré tout bien ardue car ils n’ont pas pour alliées la misère et la déréliction qui ont eu vite raison de Ben Ali et de Moubarak. En Égypte, les Frères musulmans, qui n’ont pas tiré un coup de fusil, vont quant à eux remporter la moitié des sièges aux prochaines élections parlementaires, à en croire les sondages - et les sondages rarement se trompent ! Ils vont prendre le pouvoir de la façon la plus démocratique. Comme fut sur le point d’y parvenir le FIS en Algérie au premier essai électoral libre… Sans doute est-ce la raison pour laquelle en Tunisie le chef du gouvernement provisoire, Béji Caïd Essebsi, n’aurait cessé de vouloir ralentir le processus électoral en freinant des quatre fers et en déclarant à qui voulait bien l’entendre : « La révolution n’est pas la démocratie ». Ces propos sont révélateurs des craintes que suscite le premier rendez-vous donné aux électeurs le 24 juillet prochain - puis finalement reporté « pour raisons techniques » au 16 octobre - pour la désignation d’une Assemblée constituante, qui risque fort d’être dominée par Ennahda. Et une rumeur court que l’armée, inspirée par l’exemple algérien de 1992, aurait déjà planifié le coup d’état en cas de victoire du parti islamique.

La démocratie accouchant d’un totalitarisme… Ce n’est point ce que redoutent les têtes pensantes de la coalition occidentale qui ne songe quant à elle qu’à renforcer un CNT et des insurgés qu’elle a pris sous son aile sans prendre en considération le fait qu’ils sont rejetés par la majorité du peuple libyen, lequel a manifesté par la voix de 2000 chefs de tribus son soutien catégorique au Guide. Ignorant et méprisant cette majorité, les gouvernants occidentaux, relayés par certains médias auxquels Al Djazira donne le la, désirent visiblement la punir en la jetant en pâture à quelque trois mille rebelles armés et qui refusent obstinément de prendre en compte la solution pacifique proposée par l’Union Africaine (qui aurait pourtant évité l’effusion de sang) parce que d’une part remontés par leur soutien occidental et par ailleurs conscients qu’Allah, qu’ils invoquent à chacun de leur geste, ne les aidera pas à renverser Kadhafi et à le remplacer par la voie des urnes. Alors, comblant les vœux les moins secrets de l’OTAN, ils l’implorent de le chasser par la force des bombes.

Mokhtar SAKHRI Paris

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