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Ils sont forts ces Algériens....

Même lorsqu’ils sont professurs politologues...

mardi 3 mai 2011, par Tilelli

Chems Eddine Chitour, politologue et professeur

Ben Laden a terminé sa mission « historique au services des Etats-Unis »

Le Temps d’Algérie : Le président Barak Obama a annoncé hier la mort du chef de l’organisation Al Qaïda, Oussama Ben Laden, tué par un commando américain au Pakistan. Quel sera l’impact de cette annonce sur le cours des évènements, selon vous ?

Chems Eddine Chitour : La question de l’impact de cette annonce doit être analysée sous un double angle. Pour les pays occidentaux, l’élimination de Oussama Ben Laden est perçue comme une victoire contre le phénomène du terrorisme.

S’agissant des pays musulmans, notamment arabes, cette annonce aura certainement un impact sur les mouvements révolutionnaires qui tendent à gagner des pays alliés de l’Occident, notamment les pays du Golfe et le Maroc. Il faudra bien vérifier cette information de la mort de Ben Laden et ses répercussions sur les évènements dans le monde arabe, car les pays comme l’Arabie saoudite, le Bahreïn, la Jordanie et le Maroc ne veulent pas de révolutions à l’instar de ce qui s’est passé en Egypte, en Tunisie et en Libye. Cela dit, nous constatons une manipulation à grande échelle de l’information et des images.

La photo diffusée hier par l’AFP sur l’élimination de Oussama Ben Laden qui s’est avérée par la suite une photo de montage illustre la manipulation et la propagande qui se sont emparées désormais des médias étrangers, perdant ainsi toute leur crédibilité.

La mort de Ben Laden fait l’actualité de la presse depuis dix ans. Régulièrement, les responsables occidentaux annonçaient la mort de ce monsieur. Le sénat français avait déjà indiqué sa mort en s’appuyant sur des rapports des services de sécurité. Nous avons affaire donc à un homme qui meurt plusieurs fois et dans des circonstances particulières.

Cette fois-ci, c’est le président américain en personne qui a annoncé en direct de son bureau à la Maison-Blanche l’élimination de Ben Laden, donnant l’impression de réussir une œuvre particulière afin de gagner la sympathie et le soutien des citoyens américains. Nous sommes en droit donc de nous interroger sur cette énième annonce de l’élimination du chef de l’organisation Al Qaïda, surtout en ce moment précis.

Vous pensez que la mort de Ben Laden aura un effet direct sur les révolutions dans les pays du monde arabe ?

C’est certain que l’élimination de Ben Laden sera un prétexte pour étouffer les mouvements révolutionnaires dans certains pays qui étaient considérés comme des cibles potentielles du réseau d’Al Qaïda. Il faut dire aussi que les américains veulent mettre fin à la mission de Ben Laden, qui a bien rempli son contrat, étant donné qu’il a été leur fidèle serviteur durant la guerre opposant les talibans et l’armée rouge de l’ex-URSS, ainsi que la guerre contre l’Irak.
La mission de Ben Laden est terminée.

Les américains n’ont pas besoin de lui, surtout après les révolutions des peuples tunisien et égyptien qui ne veulent plus de conseils et d’assistance des américains accusés de connivence avec les dictateurs Hosni Moubarak et Zine Al Abidine Ben Ali. La menace Al Qaïda brandie depuis des années par les occidentaux est soudainement devenue irréelle et n’a aucun effet sur les musulmans, surtout les jeunes des pays arabes qui aspirent à la liberté, au développement et à une vie décente.

Nous sommes face à un problème de fond et à une guerre d’images qui démontre que tout est manipulé. Les américains eux-mêmes ne croient pas aux évènements du 11 septembre, d’autant plus que des journalistes occidentaux ont remis en cause les informations données par les autorités américaines sur les responsables des attentats de New York. Il est difficile d’admettre ce type d’information, car on ne dispose pas d’éléments palpables. Les images disponibles sur Ben Laden datent de plus de dix ans.

Pour certains experts, il serait déjà mort à cause de son état de santé fragile. Nous sommes donc dans un monde virtuel, où les nouvelles armes de guerre ne sont plus les combats militaires sur le terrain, mais les réseaux d’Internet, les chaînes satellitaires et la rumeur.

Le président Obama est en train justement d’utiliser ces moyens pour arriver à réorganiser et à mettre en pratique son plan du Grand Moyen-Orient.

Il veut donner des leçons de démocratie, mais avec des dégâts énormes difficiles à dissimuler. On le voit bien chez nos frères libyens qui ont détruit leur pays et toute leur histoire avec des conséquences humaines dramatiques. Les « rebelles » ont donné une occasion inespérée aux occidentaux d’expérimenter leur arsenal militaire et de reconquérir les richesses nationalisées par l’Etat libyen.


Que voulez-vous dire au juste par la fin de la mission de Ben Laden ?

Je présume qu’Oussama Ben Laden a terminé sa mission historique. Il a participé en tant qu’agent de la CIA à toutes les démarches des Etats-Unis d’Amérique dans la région. Aujourd’hui, avec le mouvement du printemps arabe, Al Qaïda a été complètement oubliée et ne sert plus les intérêts des occidentaux.

F. B.

Le Temps d’Algérie, le 2 mai 2011.

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